Première de «Thniet Isha» à l’ouverture de la 5e édition du festival Regards de femmes:  Un film qui dénonce et donne à réfléchir

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Le festival Regards de femmes, rendez-vous incontournable dédié à la mise en lumière de la condition féminine à travers le cinéma, revient pour sa 5e édition. Cet événement, qui se déroule du 12 au 16 octobre à Nabeul, met à l’honneur la création au féminin en proposant une sélection de 16 films en compétition, issus de 6 pays. Des thèmes forts et inspirants se déploient sous le titre évocateur de «Femmes ayant occupé les marges», dévoilant au premier plan leurs luttes, leurs victoires et leur résilience.


La cérémonie d’ouverture de «Regards de femmes» a eu lieu la soirée du 12 octobre à la Maison de la culture de Nabeul. En présence d’un public nombreux, la fondatrice du festival, Manel Souissi, a rappelé les objectifs de cette manifestation culturelle. Le Festival se distingue par une ligne éditoriale ancrée dans la mise en lumière des récits cinématographiques autour des femmes. «Les femmes en  souffrance ne sont pas que des statistiques», souligne-t-elle. Il aspire également à offrir un espace d’expression pour révéler la diversité, la richesse et la profondeur de la création cinématographique portée par des femmes.

Visibiliser les femmes devant et derrière la caméra

C’est l’occasion de plonger dans des films porteurs de messages à travers des regards féminins singuliers qui transforment et interrogent notre société, et de façon plus large le monde.

Saber Ben R’houma, directeur artistique à la Fédération tunisienne des ciné-clubs fondée depuis 1949, a également intervenu  pour insister sur la place des femmes dans toutes les étapes de conception de l’œuvre cinématographique, mais aussi dans toutes les sphères de la création artistique.

Les membres du jury sont montés sur scène sous les applaudissements des spectateurs. Il s’agit des actrices tunisiennes Wajiha Jendoubi et Ichraq Mattar, les réalisateurs tunisiens Moslah Kraiem et Nada Mezni Hefaïedh ainsi que le réalisateur égyptien Mohamed Abdelkhalek, président du Festival international du film féminin d’Assouan.

Cette année, le festival a l’immense privilège d’accueillir Khadija Habashneh, fervente militante qui a participé à l’émergence du cinéma palestinien des années 70, pour enrichir cette édition de son talent et de son engagement. Notons que la Palestine est fortement présente à travers la section «La Palestine dans leurs regards» où des films réalisés par des Palestiniennes seront projetés hors compétition.

«Le sentier d’Aïcha»: hommage à feu Rim Hamrouni

Le court métrage de Selma Hobbi, «Le sentier d’Aïcha» (Thniet Isha) a été projeté pour la première fois en Tunisie lors de la cérémonie d’ouverture du festival.   

Ce court métrage de 26 minutes retrace le destin de Aïcha, jeune ouvrière agricole mariée par force à un psychopathe qui la torture. Il s’empare ainsi de sujets importants : les conditions de travail des femmes rurales, le transport, sans oublier la violence conjugale et d’autres circonstances si extrêmes et désespérées. Les thématiques denses abordées  à travers des scènes audacieuses et bouleversantes font de ce film une œuvre socialement primordiale afin de prôner les droits de cette catégorie vulnérable et mettre en exergue  leur résilience.   

Le rôle principal est attribué à Ichrak Mattar. Il s’agit également de la dernière participation de la célèbre actrice Rim Hamrouni qui nous a quittés en 2023. Elle y incarne la femme  déterminée et révoltée face à une société patriarcale et aux contraintes intransigeantes de sa communauté rurale. Le rôle du  malade mental a été brillamment joué par Hosni Akermi. La scénariste et réalisatrice Selma Hobbi nous a confié lors d’une discussion après la projection que l’acteur a été coaché par un psychologue pour que les expressions faciales et les gesticulations soient aussi crédibles.   

Le film a déjà remporté le «Prix de la meilleure actrice de cinéma» pour Ichrak Mattar au Work Film Festival à Trevise en Italie et élu «Meilleur court métrage» à l’Open World Toronto Film Festival au Canada. Il a été projeté dans de prestigieuses manifestations culturelles dont  Egyptian American Film Festival à New York. Il est actuellement sélectionné pour la compétition de l’International Folklore Film Festival 2025 en Inde.     

La fin du court métrage a généré un tonnerre d’applaudissements lors de cette première projection en Tunisie. L’actrice chanteuse Lobna Noômene a interprété le générique qui reprend l’ambiance du film.

Les paroles écrites par la scénariste et réalisatrice elle-même sont mises en musique par Rabii Zammouri, célèbre pour son monde sonore authentique et son portfolio riche en œuvres. La soirée s’est poursuivie dans une ambiance conviviale en présence de l’équipe du film, avec la chanson thème en musique de fond.

Notons qu’en plus des projections, cette édition sera rythmée par une résidence artistique, des présentations d’ouvrages, des dialogues créatifs et des masterclass où les échanges promettent d’être aussi intenses qu’enrichissants. Le programme est réparti entre l’Espace Jeleen, la Maison de culture Menzel Temim et le Centre culturel International de Hammamet.      

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